Les Marbres du Nord de la France et du Boulonnais
(Prof.Dr. Eric Groessens, Géologue européen.
Service géologique de Belgique, 13, rue Jenner – 1000 Bruxelles)
Résumé :
L’industrie de la pierre dans l’Avesnois remonte
à l’occupation romaine, par contre, le début de l’industrie
marbrière et de bimbeloterie est contemporain du tracé définitif
des frontières entre la France et la Belgique et de l’instauration
d’une politique protectionniste. Les marbres du Nord et du Boulonnais
sont des calcaires durs dévono-carbonifères de teinte généralement
foncée, noirs ou parfois rouges. Les pierres et marbres du Nord
étaient d’usage généralement local. Les produits
fins, comme les cheminées, ont cependant été commercialisés
dans toute la France. Les produits de bimbeloterie, et surtout les pendules
ont, par contre été largement exportés dans les colonies
anglaises et jusqu’aux Etats Unis. L’apogée de cette
industrie se situe au cours de la seconde moitié du XIXème
siècle. L’industrie pendulière a pratiquement disparu
avant la Grande Guerre alors que la pierre de taille se maintient pendant
quelques décennies. Un inventaire des principales variétés
de marbres est réalisé. L’industrie marbrière
dans le Boulonnais s’est développée parallèlement
à la construction de la Colonne de la Grande Armée. Cette
industrie est toujours fort prospère et ses débouchés
sont universels.
Summary :
The origin of the stone industry in Northern France goes back as far as
the Roman occupation. The marble industry started after the Belgian independance
when the protection laws hindered the trade of manufactured marble pieces.
The marbles works were now located mainly on the Belgian side (Rance,
Barbançon etc) whereas the main custommers were in Paris. Many
marble works moved to the other side of the frontier. All the limestones
polished as marble are generally black or red in color. The stone industry
was mainly a local business whereas the marble furniture, as the chimneys,
were sold all over the country and the marble-clock industry was international,
selling mainly in Britain and its Empire and in the States. The marble
industry in the Boulonnais started with the erection of the Napoleon column
at Boulogne-sur-Mer and is still very active nowadays.
MOTS-CLES : calcaire, marbre, brèche, Avesnois, Boulonnais, Dévonien,
Carbonifère.
KEY-WORDS : limestone, marble, brechia, Avesnois, Boulonnais, Devonian,
Carboniferous.
1.- Introduction
Lorsque l’on examine la Carte géologique de France
on constate que dans la partie septentrionale de celle-ci, entre le Bassin
de Paris et la frontière belge affleure un certain nombre de formations
qui sur la carte tranchent par leur coloration plus foncée. Ce
sont les roches du Paléozoïque. D’ouest en est, nous
voyons d’abord la boutonnière du Boulonnais où affleurent,
essentiellement dans des carrières, des formations dont l’âge
va du Givétien au Westphalien. Puis au nord de Bavay, le Dévonien
apparaît dans les vallées de l’Hogneau et des Honnelles.
Plus au sud c'est l’Avesnois avec sa succession d’anticlinaux
et de synclinaux dévono-carbonifères qui ont engendré
la diversité des paysages caractéristiques de cette région.
Viennent ensuite les massifs de Rocroi et de Givonne, avec leur cortège
de formation du Paléozoïque inférieur, interrompu par
le synclinal de Neufchâteau qu’occupent des formations terrigènes
du Dévonien inférieur. De plus, il faut y ajouter une incursion
dans la botte de Givet.
Notre propos se limite géographiquement aux régions marbrières
et se déroule également dans le temps : les temps géologiques
évidemment. Les marbres traités concernent tout le Dévono-Carbonifère,
c’est à dire l’intervalle de 50 millions d’années
qui se situe entre 380 et 330 millions d’années. Temps historiques
aussi, puisque nous nous attachons à une région frontalière,
avec une frontière éminemment variante et par conséquent
des industriels qui en quelques années changent de nationalité
et de régime fiscal. La défaite de Waterloo a rompu certains
courants commerciaux ce qui a eu des répercussions funestes sur
l’activité industrielle dans la région. Les écrits
de la période post-napoléonienne sont d’un lyrisme
désuet et témoignent des difficultés économiques
de l’époque.«L’unique voeu du Chevalier Quivy,
maître-marbrier à Maubeuge, est que la France, par vos soins
(la Société d’Encouragement ) soit promptement délivrée
du tribut étranger auquel elle est asservi, convaincu que notre
belle patrie saura, comme Athènes, imprimer sur ses marbres le
génie de ces habitants, et transmettre aux siècles futurs
les témoignages de sa gloire » ou encore on décerne
en 1823, une médaille d’argent au baron Morel « ce
brave et digne militaire, qui après avoir honorablement servi sa
patrie, emploie aujourd’hui les débris de sa fortune et les
loisirs de sa retraite, a nous affranchir du tribut auquel nous avait
asservis envers l’étranger notre indifférence à
profiter de nos richesses minérales. ». Ce coté anecdotique
ne doit cependant pas nous faire oublier que lors de la crise économique
de 1847-48, il y eut dans le Nord, comme le rapporte J. Heuclin(1980),
de nombreuses manifestations anti-belges et des émeutes ont éclaté
en Avesnois, faisant entre autre 12 morts à Trélon, sans
que l’auteur ne sache si cela avait un rapport avec l’industrie
marbière.
Rappelons que le terme « marbre » employé dans ce texte,
désigne, non pas des calcaires ou dolomies métamorphiques,
mais uniquement des calcaires durs, d’origine sédimentaire
et plus précisément marine, qui allient un aspect agréable
à la possibilité de prendre un beau poli et d’être
utilisé en décoration.
2. - L’Avesnois
A la fin du XVIIIème siècle, la région
de Rance, Barbençon, Cousolre et Etroeungt était un centre
marbrier important. J’ai traité ailleurs de l’importance
de l’industrie marbrière de Rance et de ses apports, entre
autre à l’agrandissement du Château de Versailles.(E.
Groessens, 1992). Mais Rance, bien qu’étant probablement
la plus ancienne et la plus importante localité marbrière,
n’était pas unique dans la région.
Au XVIIème siècle Guicciardin précisait qu’on
trouvait en Hainaut « de très belles carrières de
pierres très propres à bastir et à mettre en besoigne
et toute sorte d’ouvrage : voire y trouve t-on jusqu’à
la pierre de touche et de paragon que les anciens ont nommé Index.
L’Encyclopédie de M.de Felice (1773) nous livre une liste
des marbres exploités à cette époque. Pour la «Flandre»,
il cite les marbres noirs de Dinant et Namur, les rouges de Charlemont,
de Rance, Gochenet (=Gochenée), le Givet, le Brabançon (=Barbençon),
le Groschou (?) , le Gravelle (il existe des lieux-dit Gravette(s) dans
le Département du Nord) et «celui que l’on nomme Caisle
» (?).
Il cite également le Florence «en Hainaut» (?), Loff
(=Leffe), Solre-Saint-Géry, ou Pacagne, Renlies, Clermont, Strée,
Franchimont, S.Remy (=Rochefort), de Dourlens (=Dourlers), de Liessies,
de Trefon (=Trélon) de Fontaine-l’Evêque, de Cerfontaine,
de Graudrieux (=Grandrieu) de Fil-Baudouin (Thy-le-Bauduin) et d’Ogimont
(= Agimont). Pour les régions qui nous intéressent, il ne
cite que Dourlers, Liessies et Trélon. Par contre, aucune mention
de Boulogne.
J. Heuclin (1980) rapporte que quelques années plus tard, en 1787,
le chapitre de Maubeuge accorde à Maximilien Lecat, pour 3 ans,
l’exploitation d’une carrière à Cousolre et
quelques mois plus tard, il concède l’exploitation d’une
autre carrière aux sieurs A. Durieux et J. Boise «le long
de la pied sente de Coulmie».
En 1798, le citoyen Friand, maître de carrière à Renlies,
acheta un bâtiment de Cousolre, qui servait à la fabrication
du genièvre, et le transforma en scierie de marbre. Mais les temps
sont difficiles. Ainsi, le préfet Dieudonné (1804) écrit
dans un rapport : « Chaque ménage a son occupation. Les chefs
de familles et les jeunes gens travaillaient à diverses sortes
d’ouvrages et y excellaient. Les vieillards sciaient et les femmes
polissaient. Malheureusement les ravages de la guerre, les saccages de
la Révolution qui ont fait disparaître les objets de luxe,
ont plongé ce pays dans la plus profonde misère. A peine
y compte-t-on une centaine d’ouvriers marbriers. Des jeunes gens
qui s’étaient adonnés au dessin, à la sculpture,
ont été forcés d’abandonner leur premier état
et de travailler dans les forêts pour alimenter leur triste existence.
S’il en est un petit nombre qui aient continué l’exercice
de la profession, ils trouvent difficilement à se défaire
de leurs ouvrages, rarement on leur en commande, le désœuvrement
et la crainte de perdre leurs talents sont les principaux motifs qui les
déterminent à en confectionner…»
On comprend aisément qu’au début du XIXème
siècle, la plupart des établissements de la région
étaient ruinés.
En 1793, le Hainaut avait été intégré en France
et les barrières douanières abolies avec la République.
A la chute de l’Empire, des cantons entiers changeront régulièrement
de nationalité. Rance, par exemple, rattaché à la
France lors du premier traité de Paris (1814), est récupéré
par le Royaume de Pays-Bas après les Cents-Jours. Les limites définitives
ne seront fixées que le 28 mars 1820 par le Traité de Courtrai.
Pour rappel, Napoléon III essayera, dès 1868, de récupérer
l’ensemble ou une partie de la Belgique pour l’inclure dans
son empire. Pour calmer l’empereur, le gouvernement de Vienne lança
l’idée d’une cession du Grand-duché de Luxembourg
à la Belgique moyennant l’abandon par celle-ci à la
France des cantons de Philippeville et de Mariembourg.
Après ce détour par la grande Histoire, revenons- en aux
conséquences sur l’industrie marbrière déjà
mise à mal par la Révolution et l’Empire. Les frontières
étant rétablies, les douanes françaises imposèrent
des droits d’entrée de respectivement 3 fr./100 Kg de marbres
bruts en blocs; de 5 fr. pour les marbres sciés et de 44 fr. pour
100 Kg de marbres ouvrés. Cette augmentation de 41 fr./Kg entre
la matière brute et la matière ouvrée représentait
la fermeture de la frontière à la marbrerie belge travaillée.
La doctrine du directeur de la douane était « d’acheter
aux autres le moins possible et de leur vendre le plus possible ».
Il faut ajouter que le commerce du marbre se fait à cette époque,
à partir de Paris. C’est suite à ces conditions que
la plupart des marbriers de la frontière belge vinrent s’établir
en Avesnois. Le choix de cette région était dicté
par la proximité des carrières, de la route Philippeville-Valenciennes
et de cours d’eau qui permettaient d’établir des usines
à scier le marbre. Ainsi s’établirent à Cousolre,
les Rochez et Boucneau de Rance, Bien-Aimé de Barbençon,
et d’autres marbriers, parmi lesquels, Wallerand, Herbecq, Maton,
les Beaugrand de Solre-Saint-Géry, etc. Notons qu’au départ,
ils installent uniquement des scieries et non des ateliers. On peut supposer
que les carrières de Sainte-Anne de Cousolre avaient repris leur
activité.
Que trouve t’on comme marbre dans la région au début
du XIXème siècle ?
C.P. Brard(1808) cite pour le département du Nord : les Marbres
de Rancé (rouge-brun), Barbançon (noir veiné de blanc),
Clermont (gris cendré-clair, joint à une légère
nuance de violet et mélé de taches noires, de veines blanches
et aurores), de Trélon (rouge et jaunâtre), Grandrieux (gris,
noir, et présente des veines blanches), et les marbres brèches
de Dourlers et d’Etroeungt-la-Rouillie (morceaux de marbre verdâtre
et cendré). Sous la dernière rubrique, il ajoute qu’il
s’en trouve encore beaucoup d’autres dans le département
du Nord, tels que celui d’Estries, qui ressemble beaucoup à
celui de Clermont et un autre à Liessies qui ressemble un peu au
marbre de Rance). Dans son édition de 1821, il ajoute bizarrement
que le Marbre de Rance « est connu dans le pays sous le nom de pierre
d’Avesnes» et il orthographie « Trolong » (note
: la célèbre Pierre d’Avesnes(-le-Sec) est une craie
dure, blanc grisâtre, d’âge Turonien, et exploitée
depuis des siècles dans le Cambraisis).
Pour le département des Ardennes, il cite le marbre noir, veiné
de blanc de Givet et deux marbres rouges (Givet et Charlemont, qui sont
peut-être les mêmes). Il cite aussi les rouges de Franchimont
et de Cerfontaine, et enfin celui de Charleville, ce qui ne peut être
qu’une erreur.
Héricart de Thury (1823) dans son rapport sur l’état
actuel (sic) des carrières de marbre de France, et qui pour certains
chapitres pourrait être qualifié de pamphlet anti-marbres
belges, donne une liste de 12 variétés de marbres dans le
département du Nord. Outre qu’il reprend l’assimilation
de la Pierre d’Avesnes avec le marbre de Rance, la moitié
des marbres repris dans sa liste proviennent de carrières situées
dans le Royaume des Pays-Bas (version 1815-1830). Ainsi, outre Rance,
nous trouvons Barbançon, Clermont (La Pacagne), Grandrieux (2X)
, et Fontaine-l’Evêque (Rouge de Fontaine). Parmi ceux localisés
dans le département à la date de publication, nous trouvons
le marbre de Trélong, les brèches de Dourlers et d’Etroeungt,
et le Sainte-Anne, qui n’avait pas été mentionné
par Brard. Il cite trois localités pour le Sainte-Anne : Honhergie,
Ferrière-la-Petite et Maubeuge et le définit, comme le Grandrieux
(gris, noir et blanc).
En ce qui concerne le département des Ardennes, il cite les mêmes
que Brard mais en oubliant que Franchimont et Cerfontaine sont maintenant
en Belgique. Par contre, il cite le marbre de la Folie Cassan, exploité
à Montcy-Notre-Dame-les-Bois près de Mézières.
Dans le texte, il parle de la découverte récente de marbres
« très variés et de la plus grande beauté »
à Moncy et à la Folie-Cassan ( ? ) Cette information pousse
à la curiosité car la région est située dans
les formations essentiellement terrigènes du Dévonien inférieur
(Praguien). Héricart nous livre une longue description dont nous
retiendrons, qu’ils sont noirs ou noirâtres à veines
blanches plus ou moins régulières. « Ces marbres,
qui ont une certaine analogie avec le tigre-chou de Flandre ( ?) ou avec
ceux de la Mayenne, et même parfois avec le grand antique à
fond noir, se rapprochent dans quelques parties au Sainte-Anne à
grandes veines, et dans quelques autres, du Peschagnard de l’Isère
ou du Bourbonnais à fond noirâtre ; mais ils sont distingués
de ces différents marbres par de beaux fossiles (n.d.l.r. des orthocères)
(…) ». Voyons si nous trouvons d’autres références
au sujet de ces marbres. A.H.Dumont (1848) écrit que « le
calcaire est rarement en masse considérable (dans le Praguien).
Dans l’Ardenne et le Condros, ces masses n’ont jamais plus
de 12 mètres d’épaisseur (Montcy-Notre-Dame)…
On l’exploite pour faire de la chaux ; on a voulu employer comme
marbre celui de Montcy-Notre-Dame. J. Gosselet (1888) signale, plus au
Nord, du côté de Mouzon, le long du ruisseau de Maidimont,
« des traces d’un four à chaux établi près
d’un banc de calcaire encrinitique un peu plus épais que
les autres ». Il ne fait nulle mention de marbre à Montcy.
Après cette digression, revenons- en à la politique protectionniste,
pour constater qu’elle se maintiendra longtemps. Le Duc de Castries
(1972) écrit en effet : « la vie économique sous la
monarchie de juillet est en grande partie conditionnée par le régime
douanier ; le blocus continental de l’Empire a habitué les
Français au protectionnisme ; malgré les critiques, la Restauration
l’a maintenu dans les grandes lignes et, à l’étonnement
des économistes, Louis-Philippe et ses divers gouvernements y resteront
fidèles. Dans cette attitude se révèle une constante
due à des préjugés, survivances d’ancien régime,
mais adaptées à la mutation sociale. »
Les différentes tentatives de changement se révèleront
sans lendemain. En 1828, suite à l’enquête économique
menée par le comte d’Argout « les méfaits du
protectionnisme avaient été dénoncés : stagnation
des activités économiques, immobilité des capitaux,
insuffisance des moyens de communications, vie rétrécie
par les représailles exercées par les Etats voisins contre
les garanties douanières. »
Le succès du « Zollverein », union douanière
tentée en 1835 dans une partie des Etats allemands donna à
réfléchir. Quelques années plus tard, l’idée
d’une union douanière franco-belge fut proposée, mais
devant l’émoi provoqué dans le monde français
des affaires, l’idée fut abandonnée. Elle fut reprise
d’une manière plus restreinte en 1842 sous la forme d’une
convention douanière ; mais on renonça aussi à ce
projet.
Comme conclut le Duc de Castries « On peut donc juger qu’en
dépit de quelques atténuations de détail, le protectionnisme
fut maintenu pendant toute la durée du règne (de Louis-Philippe),
mais fut corrigé par une contrebande discrètement tolérée
» et comme l’écrit J. Heuclin (1980) : « la succession
de ces lois protectionnistes par leur nombre même, prouve leur inefficacité,
et pour la période 1815-1830 la balance commerciale de la France
fut le plus souvent déficitaire. En 1825, nous constatons que les
Pays-Bas sont les 3ème client de la France et les premiers de nos
fournisseurs.»
Parler de l’industrie marbrière au début du XIXème
siècle c’est essayer de comprendre une réalité
très différente de la nôtre. Comme l’écrit
J. Heuclin (1980), « dans les villages, l’activité
agricole et industrielle sont étroitement imbriquées. Le
menuisier, le charron, le marbrier est en même temps cultivateur
pour son compte. Le système de la « fabrique » encourage
d’ailleurs cette industrie à domicile. Le « fabricant
» est un gros négociant qui distribue la matière première
à des centaines d’ouvriers paysans et recueille ensuite les
produits qu’ils ont façonnés suivant les spécifications
qu’on leur a donné. Parfois d’ailleurs le fabricant
vend ou loue à l’ouvrier la machine ou les instruments nécessaires.
»
En 1830, on comptait à Cousolre 3 grands ateliers, fondés
par des Belges, et près d’une dizaine de petits. On confectionne
surtout des cheminées, essentiellement en marbres belges : marbres
noirs de Dinant, rouges de Franchimont, « Brayelle » de Barbençon
etc. Ils emploient 300 ouvriers dont la moitié sont des Belges
qui viennent travailler à la journée ou à la semaine.
A partir de 1840, Cousolre de centre d’extraction et de sciage va
devenir un pays.
Avant 1914, les artisans de la pendule et de la bimbeloterie expédiaient
les 3/5ème de la production vers l’Angleterre et son Empire,
1/5 vers les Amériques et le reste sur Paris. La prospérité
a une fin et vers 1910, Cousolre voit disparaître les dernières
carrières – épuisement, absence de débouchés,
trop faible rentabilité. Rien n’est certain, écrit
J. Heuclin, mais la population a déjà diminué de
50 personnes. Par ailleurs certains ateliers se trouvent dans une situation
financière difficile. La Belle Epoque s’achevait, prélude
à l’effroyable guerre de 4 ans. Les marbreries ferment leurs
portes, les mobilisés prennent le chemin de la gare quant aux civils,
ils prennent la route de Paris. Certains y trouvèrent du travail
et y demeurèrent.
3 - Les Marbres des Vallées de l’Hogneau et des Honnelles.
Comme toujours, il est difficile de situer dans le temps les
premières carrières. Les Romains ont certainement exploité
de la pierre dans ces vallées, en vue de construire la ville romaine
de Bavay. J’ai personnellement rencontré à plusieurs
reprises des fragments de pavement et des mosaïques en Rouge belge
et en « Noir français » de cette région.
La Cour-Le-Roi, à Compiègne, qui date de l’époque
carolingienne, recèle un certain nombre de marbres de qualités
et de coloris variés (Petitjean, M.1994) « Le marbre blanc
provient de l’Apennin, des Cyclades et de la haute vallée
de la Garonne. Le marbre coloré est extrait de Chemtou (Tunisie),
de Laconie (Grèce – pour le porphyre vert), de Philippeville,
d’Eubée (Grèce –pour le cipolin) et des Pyrénées
pour la griotte. Le marbre noir est tiré des carrières proches
de Bavay, puis vraisemblablement de la vallée de l’Escaut.
Les zones de production des roches nobles, exploitées au Haut Moyen-Age
sont peu connues. Il n’est pas possible de déterminer si
les marbres issus de la fouille de Compiègne furent extraits dans
des carrières contemporaines, ou si, ils furent récupérés
dans des bâtiments gallo-romains ». Si l’exploitation
était contemporaine, se serait la première trace de ce type
d’activité depuis la chute de l’empire romain, dans
nos régions.
Pour le Moyen-âge, A.Salamagne (1992) localise, outre les carrières
locales situées autour des différentes villes de Valenciennes,
Cambrai, le Quesnoy et Avesnes, deux centres producteurs de pierre pour
le sud du Hainaut, celui de l’Ostrevant (pierre blanche et grès),
et celui de l’Avesnois dans l’est du comté (pierre
bleue). « L’ouest du Hainaut comme le Douaisis, bénéficiaient
encore de l’apport d’autres bassins carriers, celui de Tournai-Antoing
au XII-XIVème siècle, celui d’Ecaussinnes à
partir du XIVème siècle. Cet apport de pierres de bassins
carriers distants de plus de 40 km. fut en fait permis par l’utilisation
des voies d’eau, l’Escaut et la Scarpe pour l’exportation
de la pierre de Tournai à Valencienne et Douai, la Haine et l’Escaut
pour l’exportation de la pierre d’Ecaussinnes à Valenciennes
où elle était déchargée pour être convoyée
par voie de terre jusqu’au Quesnoy. »
Ce sont surtout les applications qui nous permettent de connaître
l’ancienneté de certaines carrières. A Bettignies,
l’ancien presbytère, de style Renaissance, porte une pierre
décorée d’un ciboire et qui est datée de 1559.
Les registres communaux de Bellignies de l’époque révolutionnaire,
mentionnent l’état-civil et la profession dès 1780.
Des « chauffouriers » et des tailleurs de pierres se retrouvent
dans ces listes alors qu’il faut attendre 1823 pour voir apparaître
la profession de « marbrier ». De même, sous la Révolution,
les registres de l’Avesnois font état de 34 carrières
de pierre de taille (Hon-Hergies, Gussignies, Houdain etc) et de 82 carrières
de moellons. « Progressivement de 1815 à 1848 l’industrie
marbrière va s’implanter solidement dans la vallée
de l’Hogneau. Ce sera d’abord de petites scieries à
bras ou avec des chassis à 4 lames, elles s’installent souvent
à l’emplacement des moulins et plus tard de forges abandonnées.
La force motrice s’imposant, les armures comptent davantage de lames
métalliques parallèles.(…) Une scierie s’installe
en 1820 à Saint-Waast-la-Vallée ; une autre en 1822 à
Gussignies et vers 1830 à Houdain . Bellignies va bénéficier
du développement de l’industrie et dès 1835 les actes
d’état-civil indiquent de plus en plus de professions se
rattachant au travail du marbre : Scieur, marbrier, polisseur… Ils
sont en général nés en Belgique. A cette époque
où le machinisme en est à ses balbutiements, va se créer
dans toute la vallée un artisanat familial à domicile qui
se prolongera pendant plus de cinquante ans. Les hommes pratiquent le
découpage à l’épaule, taillent et usent le
marbre avec des moyens encore primitifs : burins, gravelots, percent les
pièces à l’aide de l’archet. Ils fabriquent
eux-mêmes les instruments nécessaires pour travailler et
adoucir. Les femmes, les enfants polissent, à la main ce qui demande
beaucoup de temps, de patience, d’esprit d’initiative et d’observation.
Le polissage nécessite de nombreuses opérations : emploi
de quatre sortes de pierres de plus en plus tendres, du bouchon de bois,
d’acide oxalique, démeri à adoucir, de produits divers,
dont chacun gardait un peu le secret, appliqués en frottant avec
énergie pour faire disparaître la petite aspérité,
venait enfin la cire d’abeille imbibée d’essence de
térébenthine pour obtenir un brillant durable. Les marbres
noirs extraits des carrières de Hon-Hergies sont particulièrement
difficiles à polir et demandent une grande expérience.»(A.
Duronsoy, 1979)
En 1836, on compte à Hon-Hergies, 7 carrières de pierre
bleue, 5 carrières de marbre, 5 fours à chaux et une scierie.
La production est semblable à celle que nous avons mentionnée
à Cousolre. A partir de l’arrivée de la voie ferrée
dans la 3ème quart du XIXème siècle, les variétés
de marbres aux teintes plus chaudes vont se décupler et la production
sera écoulée plus aisément, mais toujours via Paris
et sans atteindre celle de Cousolre. Ici, aussi l’industrie connaîtra
sa période faste sous la 3ème république. Au tournant
du siècle, toutes les communes de la région ne travaillent
plus que pour le marbre. En consultant les registres d’état-civil,
il apparaît nettement que la profession avec ses scieurs, marbriers,
polisseurs, ciseleurs, graveurs, sculpteurs forme plus des 9/10èmes
de la population.
Au cours de la Première Guerre Mondiale, toute activité
cesse, mais elle reprendra très rapidement à la fin des
hostilités. Dès 1927, la reconstruction s’achève
et déjà pointe la Grande Crise des années 30. Les
exportations vers les Etats-Unis et l’Angleterre cessent brusquement
et le chômage réapparaît. Contrairement à la
fin de la guerre précédente, il n’y aura pas de reprise
importante et les ouvriers vont s’orienter vers la métallurgie.
Quelques entreprises vont essayer de relancer la marbrerie…
Quant aux variétés de marbres ou pierres de tailles exploitées,
la description détaillée des affleurements des terrains
dévoniens dans les environs de Bavay par J. Ladrière (1905)
est un outil incontournable. On peut en extraire les informations concernant
les bancs marbriers essentiellement datés du Givétien.
A la base, nous avons les « couches de Hon-Hergies » dans
lesquelles on distingue particulièrement le Sainte-Anne d’Hergies
ou de Hon appelé aussi parfois Sainte-Anne français (ce
qui porte à confusion avec le Cousolre, le Sainte-Anne de Trélon,
de Rancennes etc), calcaire grisâtre compact, d’une dizaine
de mètres d’épaisseur, pétri de stromatopores
et de coraux disposés pèle-mèle et traversé
en tous sens de veinules de calcite. Au-dessus, il y a d’autres
bancs de calcaire bleuâtre avec veines et noyaux de calcite et de
fossiles. Le Sainte-Anne repose sur des schistes et calcaires argileux
à calcéoles. D’après Dumon (1959), il aurait
été exploité jusqu’en 1955.
Au-dessus, nous avons les couches d’Hergies, d’Autreppe, de
Gussignies formées d’un certain nombre de bancs, généralement
noirâtres et qui portent parfois des noms qui les individualisent
: le Radoga à géodes de calcite ; le poil d’herbes
(bleuâtre) et le Coquiller de Gussignies (noir) à bellerophons
et stringocephales ; le Saint-Vincent, gris à polypiers et stromatopores
; les Noirs à Amandes (lucines) ; le banc à Fontaines (noyaux
de pyrite) ; la litée de Huit pieds à géodes de calcite
(boules-de-neige), à murchisonies (le Fleuri ou Blondeau). La carrière
Blondeau, ou Grande carrière d’Hergies, était déjà
exploitée depuis longtemps. Guéttard et Monnet (1780) en
font grand cas : « Cette vaste exploitation, l’emporte sur
toutes les autres par la grandeur et la solidité des bancs et la
bonté des pierres qu’on en tire. Les ouvriers peuvent tailler
toutes celles qu’ils rencontrent, ils en font tout ce qu’ils
veulent, surtout des chambranles de cheminées, des bancs, des marches
d’escaliers. Cette carrière est une des plus grandes et des
plus vastes que j’ai vues dans ma vie, ajoute M. Monet. J’y
ai compté plus de vingt bancs, tous de bonne qualité. »
Un autre marbre, riche en murchisonies, stringocéphales et bellerophons
est cité comme Marbre de Boussois.
Ces marbres sont désignés sous l’appellation plus
générale de Marbre noir français ou Bavay. Rappelons
que les marbriers continuent à importer des marbres noirs de Belgique,
dont la granulométrie est nettement plus fine (Dinant, Denée,
Golzinne) pour la confection des pendules et la bimbeloterie en général.
Il s’ensuit une certaine confusion dans la nomenclature, d’autant
que la détermination de la provenance d’un marbre noir pur
est des plus difficiles, surtout sur base du seul examen visuel.
Le marbre de Glageon, est décrit par Sancholle(1850) comme présentant
une grande analogie avec le Sainte-Anne français de la région
de Bavay, mais il a le fond plus noir, et le mélange plus petit.
Il renferme beaucoup de parties terreuses qui nuisent considérablement
au poli. Il ajoute « la consommation des marbres du département
du Nord est assez forte à Paris, parce qu’elle est provoquée
par la modicité de son prix ; mais son emploi ne repose que sur
les objets les plus ordinaires. »
La coupe du Givétien de la carrière de Glageon a fait récemment
l’objet d’une étude détaillée (Boulvain,
Fr. at al, 1995) De nombreux autres marbres noirâtres plus ou moins
semblables aux précédents ont été exploités
dans de petites carrières, mais leur énumération
serait fastidieuse. Revenons cependant, sur deux variétés
déjà mentionnées : le Sainte-Anne de Trélon
et celui de Rancennes au Sud de Givet, qui sont des lumachelles de stringocéphales.
Le Frasnien était exploité dans la Carrière
Lucq à Saint-Waast. On y trouvait du Noir veiné, du Noir
moucheté, du Noir uni, du Noir rubanné etc.., du Poil d’herbe,
du Saint-Waast à petites veines de calcite et grands gastéropodes,
l’Oeil de Perdrix à petits points blancs, un Grand Antique
avec ses grandes veines de calcite etc.
4.- D’autres marbres Frasniens
Nous avons déjà longuement parlé de l’histoire
de Cousolre.
Le Marbre Sainte-Anne était exploité depuis longtemps à
Solre-Saint-Géry, Gerpinnes, Gougnies, Biesme et Labuissière,
près de Merbes-le-Château. Au XVIIIème siècle,
plusieurs de ces communes possèdent une industrie de transformation
du marbre basée sur la force hydraulique des moulins. Les carrières
Puissant de Labuissière sont le point de départ de ce qui
deviendra un véritable empire marbrier à l’échelle
mondiale, car « Merbes-Sprimont » étendra ses activités
en Belgique, en France (Jeumont, Gussignies, Fresnes sur Escaut, Glandieu,
Marseille, Vitrolles, Sain-Maximin, Brignoles, etc) en Italie, au Portugal
et même en Algérie (l’Onyx d’Aïn-Smara).
Elle avait en outre, pris le contrôle de la S.A. des Marbres Français
et des Marbres du Boulonnais. Le marbre Sainte-Anne provient de biostromes
frasniens d’épaisseur variable, avec un maximum d’une
cinquantaine de mètres (Barbençon et Renlies). C’est
un calcaire gris-noir à larges efflorescences blanches et jaunes
de calcite. Ce fleurage si particulier résulte de sections diversement
orientées des organismes constructeurs qui le composent et où
prédominent les stromatopores, des polypiers et des algues. De
magnifiques exemples d’autels en marbre Sainte-Anne sont visibles
dans l’église de Glageon.
Stratigraphiquement, après l’envasement des biostromes de
Sainte-Anne, s’établit une nouvelle frange récifale(Marbre
de Cousolre ou d’Hestrud). Celle-ci est constituée d’un
calcaire gris, généralement plus clair à taches rouille
et quelques taches et veinules blanches de calcite plus ou moins riche
en stromatopores lamellaires et polypiers. L’ensemble dont l’épaisseur
n’est que de 6 à 7 m. à Cousolre, est nettement rubané
et plus terrasseux que le Sainte-Anne.
Localement, le biostrome est couronné par des formations lenticulaires
constituées soit de marbre rouge à Phillipsastrea, soit
de calcaire à stromatopores (Beugnies at al, 1963)
Au milieu du XIXème siècle, le m3 de Sainte-Anne se vendait
à Paris, 640 à 700 Frs alors que le Cousolre se négociait
de 440 à 460 Frs. (Sancholle, 1850)
En ce qui concerne l’exploitation du marbre rouge du Frasnien,
nous avons déjà signalé que Givet, Charlemont étaient
régulièrement cités depuis le XVIIIème siècle.
Nous pouvons y ajouter Fromelennes. Rappelons également que durant
son exil, le Comte de Paris occupait le château d’Agimont,
construit sur un monticule de marbre rouge. Ces gisements, font partie
des dizaines de récifs distribués régulièrement
au sein des schistes du Frasnien terminal de la bordure méridionale
du synclinorium de Dinant.
Jennepin (1900) cite l’exploitation du mud-mound de Jeumont, au
compte personnel du Prince de Ligne, en 1790-1791, mais abandonné
depuis. Plus près de Maubeuge, à Recquignies, Beugnies at
al, (1963) signale un autre récif de marbre rouge, mais il n’aurait
que 6,5 m d’épaisseur.
Un marbre rouge a été exploité à Surmont,
près de la gare de Trélon ; trois autres récifs,
à peu de distance l’un de l’autre sont connus à
Château-Gaillard, au N.-E. de Trélon et dont Lecompte (1936)
écrit que deux ont été exploités. Le troisième,
de quelques mètres seulement de diamètre, est décrit
par Lecompte à quelque 200 m au sud des deux autres et dénommé
« petit récif du bois du Terne Godeau. A Wallers, une très
ancienne carrière a entamé un petit mamelon, dénommé
« Récif des Roliveaux »(Lecompte,1936). Le même
auteur signale divers affleurements et deux excavations dans des calcaires
crinoïdiques rosés et rouges très fossilifères
dans les « monts de Wallers-Baives ». Aucune indication n’est
connue quant à des usages en marbrerie de ces calcaires rouges.
On trouve également dans la littérature la mention de marbre
de Liessies. Il ne semble pas y avoir de mud-mound de marbre rouge dans
cette localité, mais il est possible que comme dans le cas de Waulsort,
par exemple, l’abbaye exploite un gisement. Rappelons à ce
sujet l’anecdote rapportée par G. Ducarme(1957) : des colonnes
de marbre de Rance, extraites et préparées dans le pays
pour la chapelle de Versailles, ne purent y être transportées
et les religieux de l’Abbaye de Liessies les firent servir à
la décoration de leur église. C’est des débris
de cet édifice que les tira Talleyrand à l’époque
où il transforma l’ancien château de Pont de Sains
en maison de campagne. Ducarme nous apprend que ces magnifiques colonnes
ont été acquises après 1914, par des antiquaires
et ont pris le chemin de l’Amérique pour décorer le
domaine d’un milliardaire.
Ici aussi, il faut rappeler que les gisements de marbre rouge «
belges », célèbres depuis des lustres sont très
proches et approvisionnaient les ateliers en marbre brut. Le gisement
de la Haie des Saules, bien que situé à Leugnies, en Belgique,
n’était qu’un hameau de Cousolre. Il en est de même
pour Solre-Saint-Géry, Grandrieu, Renlies, Barbençon et
Rance qui ne sont qu’à quelques kilomètres à
l’intérieur des frontières belges.
5.- Les marbres du Dinantien
Au sud du beau village de Marbaix, « on trouve des carrières
considérables, ou plutôt une longue série de carrières
ouvertes sur l’affleurement des couches du calcaire carbonifère,
et qui sont célèbres depuis longtemps comme fournissant
des pierres de taille qu’on transporte jusqu’à une
grande distance… Le calcaire a généralement la teinte
d’un noir bleuâtre qui le fait désigner sous le nom
de calcaire bleu » Dufrénoy et Elie de Beaumont (1841) ajoutent
que certains bancs contiennent des cherts et « d’autres sont
remplis d’entroques, au point de prendre la structure connue sous
la dénomination de petit granite, et de ressembler complètement
au petit granite des Ecaussinnes et à celui de Ferrière-la-Petite.»
Ce calcaire encrinitique qui est l’équivalent, non pas du
niveau des Ecaussinnes, mais du Calcaire de Landelies (Tournaisien moyen),
est encore exploité à Yvoir, en Belgique, sous le nom de
Petit granit du Bocq.
Ce calcaire, qui est un excellent matériau de construction, était
exploité dans de nombreuses carrières en Avesnois. A Ferrière-la-Petite,
Dufrénoy et Elie de Beaumont mentionnent « deux grandes carrières,
qui donnent un beau marbre, lumachelle noir, analogue au petit granite
des Ecaussinnes, et parsemé, comme lui, d’une infinité
de petites taches blanches ou grisâtre dues à des entroques.
Ces carrières présentent plusieurs autres variétés
de marbres.». Il ne semble pas que ce matériau ait été
poli ailleurs.
Parmi les localités de l’Avesnois dont le nom est bien connu
des géologues européens figure celui de Bachant. Cette célébrité
est due à la présence d’un niveau de paléosol,
nommé « Banc d’or de Bachant » (Gosselet, 1888)
et d’un calcaire bleu-noirâtre ou noir, de grain fin et chargé
de matière organique et qui semble avoir fait l’objet de
tentatives d’exploitation comme « Marbre noir de Bachant »
Ce facies spécial est caractéristique de la bande viséenne
de Ferrière-la-Petite. H. Derville (1952), a étudié
ce calcaire du point de vue sédimentologique, notamment dans la
carrière Adam (abandonnée et en voie de disparition), dans
la carrière Lebrun sur la rive droite du ruisseau Glimour, dans
la carrière Cuisset à Eclaibes et, derrière la gare
de Ferrière-la-Petite, dans la carrière Mercier. Une étude
semblable a été menée par B. Mamet (1964) qui nous
livre quelques informations complémentaires : les carrières
Adam et de Tripette (ou Lhoripette) n’offrent plus aucune coupe.
La carrière Lebrun était exploitée par M. Lequeux
jusqu’en 1962. Les carrières Cuisset et Mercier, étaient
abandonnées mais offraient de bonnes coupes géologiques.
Ce marbre est cité par Dufrenoy et Elie de Beaumont (1841) qui
se réfèrent à Poirier de Saint-Brice : « Les
carrières de Saint-Remi-mal-Bâti et Bachant fournissent un
marbre d’un beau noir foncé, analogue à celui de Dinant
».
Par contre L. Wirzing (1775) cite à Bachant un marbre « ex
ftramineo et cinereo diluto partitum »(jaune-paille à gris
clair) qui me laisse perplexe.
Le plus abondamment cité des marbres de l’Avesnois et peut-être
le seul a avoir été utilisé lors de la décoration
du Château de Versailles est la Brèche de Dourlers,
Le Marbre-brèche de Dourlers, est une brèche calcaire formée
de fragments de diverses couleurs baignant dans un ciment généralement
rougeâtre. A son sujet, on peut citer l’Oryctologie des Sociétés
royales des Sciences de Londres et de Montpellier qui en 1755 la décrit
comme « une brèche formée de taches cendrées,
blanches, rougeâtres et autres »; P. Brard (1808) reprend
cette définition et ajoute « on en trouve un à-peu-près
semblable à Ogimont, dans le pays d’Avesnes en Hainaut »;
d’Omalius d’Halloy la cite en 1828 ; de Chesnel (1849) reprend
la description de l’oryctologie et Dufrénoy et Elie de Beaumont
(1841) écrivent « qu'il existe aussi des carrières
de marbre à Dourlers.On y trouve une brèche compacte…
». En 1853, la Session extraordinaire de la Société
géologique de France, pressée par le temps, n’a pu
s’arrêter qu’à Dourlers, où elle devait
trouver une exploitation de la brèche qu’elle avait déjà
observée à Berlaimont. Le fond de la carrière étant
rempli d’eau, il a été impossible de voir le contact
de la brèche et du calcaire sous-jacent.
Gosselet (1888) dans sa description de l’Ardenne, se contente de
« le centre du pli synclinal passe au sud du village ; il est jalonné
par des bancs de brèche, qui forment les rochers à l’angle
du parc et qui ont été exploités comme marbre dans
une carrière aujourd’hui abandonnée. ». A.Jennepin,
en 1901, écrit qu’on exploitait à Dourlers un marbre
nommé brèche de Hainaut, à cause d’une vague
ressemblance avec la brèche d’Alep. A Dourlers même,
il ne subsiste pas de témoignage de cette industrie, par contre,
des carrières en activité dans la région montrent
que le Calcaire bréchiforme de Limont, présente les mêmes
caractéristiques que la Grande brèche viséenne, exploitée
dans le passé comme Marbre de Waulsort, d’Onhaye ou Herculanum
ou encore comme Marbre de Fontaine-l’Evêque. Brard (1921)
nous indique que dans cette dernière localité, « l’on
distingue quatre autres variétés de ce marbre. Le premier
s’appelle le prêcheur ; le second, le marqueté ; le
troisième, le blanc et rouge et le quatrième, l’arlequin.
Le Marbre de Leffe, près de Dinant, parfois orthographié
Loff ou Leff et parfois dénommé « brocatelle »
est également de la Grande Brèche.
P. Dumon (1959) considère également que ce que de Felice
(1773) décrit comme Marbre d’Ogimont ( ?) dans le pays d’Avesnes
est une brèche pareille à celle de Dourlers. Par contre,
ce qui est décrit par divers auteurs, dont Brard (1808) comme le
Marbre brèche d’Estroeng-la-Rouillie « composé
de morceaux de marbre verdâtres et cendrés » me laisse
perplexe. Il existe un village dénommé Larouillie au sud
d’Etroeungt mais la carte géologique indique des formations
crétacées. A Etroeungt même, je ne localise pas de
brèche verdâtre. Il en est de même de celui de Chapelle-en-Thiérache
décrite comme une brèche avec des taches verdâtres,
blanches, rouges et cendrées.
6.- Le Boulonnais
Les roches les plus anciennement exploitées dans la région
sont la Pierre de Marquise, calcaire oolithique ou pseudo-oolithique d’âge
bathonien, les grès portlandiens, les craies blanches et les calcaires
et grès dévonien du Boulonnais.(Colbeaux, 1992). L’étude
réalisée en 1994, par A. Blanc des matériaux de construction
de la cathédrale de Saint-Omer (XII-XVème siècle)
est révélatrice à ce sujet
Les Marbres du Boulonnais, très activement exploités actuellement,
sont d’âge viséen. Ce sont des calcaires clairs, généralement
beiges, parfois roses ou violacées, homogènes ou en mélanges.
Certains sont veinés par des stylolites rouges, violets ou noirs
et parfois lardés de filonnets calcitiques. (Delattre,1973)
En 1931, H. Derville a décrit les organismes, généralement
des algues, responsables des nombreux aspects décoratifs. Il a
proposé 4 catégories :
1.- les marbres formés essentiellement d‘organismes : Henriette
constitué de bandes ondulées et chiffonnées ; le
Napoléon tigré dit encore « Pattes d’alouettes
» à thalle buissonnant à lames déchiquetées
et le Lunel fleuri composé d’algues en tubes rameux disposés
en éventail et à texture zonaire donnant un aspect de volutes
de fumées et appelé pour cette raison marbre « bouffées
de pipe ». Le Brun fleuri serait à rattacher à cette
catégorie.
2.- Les marbres formés de débris d’organismes noyés
dans une pâte constituée de débris. Caroline, Rubané
véritable, Notre-Dame A qui appartiennent à cette catégorie
ont des textures rubanées et zonaires correspondants à des
thalles d’algues alternant avec des débris ou des fragments.
3.- Les marbres formés uniquement de débris de forme et
de taille variées, tels que brachiopodes, algues, foraminifères,
céphalopodes, ostracodes et échinodermes. Le Joinville,
le Lunel uni et les Loupinnes sont en réalité des sédiments
calcaires à aspect un peu moins décoratif.
4.- Le célèbre Napoléon Grand Mélange correspond
à une brèche formée de blocs anguleux et arrondis
de calcaires variés.
Voyons à présent ce que l’on a écrit dans le
passé.
Dans son dictionnaire d’Architecture, d’Aviler (1755) cite
le Marbre de Boulogne : « espèce de brocatelle, mais dont
les taches sont plus grandes et mêlées de quelques filet
rouges. » Le jubé de la cathédrale de cette ville
en est construit. Buffon, dans la partie « Minéralogie »
de son Histoire naturelle (1785) reprend à peu près la même
phrase : « On tire en Picardie le marbre de Boulogne qui est une
espèce de brocatelle, dont les taches sont fort grandes, et mêlées
de quelques filets rouges ». Le célèbre auteur n’est
pas plus loquace en ce qui concerne les autres « marbres plus ou
moins beaux et plus ou moins variés dans leurs couleurs. On en
tire plusieurs sortes aux environs de Dinant (…) » et aussi
des noirs purs à Liège (Theux probablement) et de Namur.
En ce qui concerne le pays de Hainaut, il cite Barbençon, Rance
et Givet.
Nous avons livré plus haut, les descriptions de C.P. Brard (1808),
concernant les marbres du Nord. Voyons à présent ce qu’il
écrit à propos de ceux du Département du Pas-de-Calais
: 1° Le marbre noir qui n’est pas estimé, à cause
du peu d’intensité de sa couleur qui est grisâtre par
place. 2° Le Marbre brocatelle de Boulogne est tacheté et veiné
de rouge, de sorte qu’on peut le considérer, jusqu’à
un certain point, comme une espèce de brocatelle, mais dont les
taches sont plus grandes que dans celle d’Espagne. 3° Marbre
gris, rose et blanc, disposé par taches ou par veines. Il y a deux
variétés qui diffèrent peu l’une de l’autre.
4° Le Marbre brun, qui est taché par places d’une couleur
moins foncée que la pâte, et varié de veines et de
linéaments blancs. 5°Le Marbre d’un rouge foncé,
est varié de taches grises, qui sont dues à des madrépores
ou à des corps organisés de la même famille.
Sa notice concernant le Marbre de Boulogne est plus explicite. En 1808,
il ajoute entre parenthèses : vulgairement marbre Napoléon.
« On a découvert nouvellement, près de Boulogne-sur-mer,
une espèce de marbre couleur de café au lait qui présente
des veines blanches, grises et rousses, dont la contexture est lamelleuse
dans certaines places, et compacte dans d’autres, qui reçoit
un assez beau poli et qui est susceptible d’être employé
avantageusement, soit en décoration des monuments publics, soit
à l’ameublement des maisons particulières. Il offre
encore plusieurs autres avantages, tels que de pouvoir fournir des pièces
d’un grand volume, et d’être, quoique solide, d’un
poids très modéré puisque le pied cube ne pèse
que 180 livres terme moyen. Si ce marbre a quelque succès dans
l’emploi que l’on commence à en faire dans le département
du Pas-de-Calais, il sera aisé de le transporter à Paris
ou ailleurs, par voie du Havre, de Rouen, etc. Ce qui a donné l’occasion
de découvrir ce marbre, c’est la colonne que les troupes
du camp de Saint-Omer, après une grande victoire, votèrent
à la gloire de l’Empereur (en 1821, cela devient «
leur chef » ce qui était politiquement correct) pour être
élevée à Boulogne, sur le bord de la mer ; alors
l’on fit des recherches pour trouver des matériaux propres
à la construction de ce monument ; et après plusieurs fouilles,
M. Piron découvrit ce marbre ; « et il s’empressa (dans
l’édition de 1808 seulement) de donner à la carrière
et au marbre qu’on en tire, le nom de Napoléon »
Le département du Pas-de-Calais renferme encore plusieurs autres
marbres : tel est celui de Stingal, de Lingeon, etc ».En 1821, il
ajoute d’après les dires d’un officiel « qu’ils
ne sont propres qu’à la décoration intérieure.
»
En 1823, dans son rapport sur l’état actuel des carrières
de marbre en France, Héricart de Thury cite 11 variétés
dans le Pas-de-Calais.
1° Le Stinckal de Haut-Banc, à Ferques (gris sombre ou bleâtre)
. 2° Le Petit-Banc, provenant de la même localité (gris
blanc, gris jaspé). Les deux premières variétés
sont destinées à la marbrerie d’ameublement et d’architecture
civile intérieure.
3° Le marbre d’Elinguehen (gris, blanc, rouge) ; 4° Le marbre
de Beaulieu à Landrethun, présentant les mêmes teintes
que le précédent. 5° Le marbre d’Hardinghen (rougeâtre,
jaspé de blanc). Les variétés 3-11 sont présentés
comme de beaux marbres monumentaux, les marbres 6-11 ont été
employés pour la colonne de Boulogne. 6° Brecneques (la Colonne)
de Marquise (gris-blanc très fin, moiré de gris sur gris).
7° Le Tigré à Hindrequen (brun, doux, tigré).
8° Le Sanguin (fond gris, blanc, veiné de lignes fines sanguines).
9° Le Ruban bleu de la même localité, (fond gris blanc,
coupé de rubans blancs). 10° Le Noir de la Rochette à
Hardinghen (noir veiné) et le 11°, dénommé Le
Linghon à Ambleteuse, (gris-rouge veiné)
Pour information, la Colonne de la Grande Armée ou Colonne Napoléone,
haute de 50 m. est l’oeuvre de l’architecte Labarre. La première
pierre en fut posée le 18 brumaire de l’an 13 et atteignait
20 mètres en 1814. Les travaux reprirent en 1819 et la plate-forme
fut posée en 1821 et l’on couronna la colonne d’un
globe royal en 1823. Napoléon dut attendre 1841, pour pouvoir trôner
au sommet. La statue actuelle, oeuvre de Stenne fut placée en 1962.
En 1850, dans son Dictionnaire, B. Sancholle, explique qu’il y a
diverses carrières , mais qu’aucune n’a été
ouverte avec l’intention d 'y extraire du marbre: « on y tirait
des matériaux très propres aux constructions les plus solides
; mais seulement lorsque, dans l’extraction, on rencontrait un bloc
d’une nuance assez vive et suffisamment égale, on le réservait
pour en faire des chambranles de cheminées.
(…) On distingue quatre variétés principales dans
le marbre de Boulogne : le napoléon, l’henriette brune, l’henriette
blonde et la caroline.
1.- Napoléon. Il a le fond d’un gris clair, parsemé
de petites taches grises, fleuries, couleur de terre, ressemblant assez
à la racine du buis, avec des parties accidentelles de racines
cristallisées, d’un blanc de lait.
2.- Henriette brune. Le fond est brun très foncé, fouetté
ou panaché de taches d’un brun plus clair, presque jaune
sur les bords, traversé par de petites veines de calcaire bien
cristallisé.
3.- Henriette blonde. Cette variété ne diffère de
la précédente que parce que le fond est d’un brun
très clair, presque gris.
4.- Caroline. Le fond est gris clair, rayé de veines et d’ondulations
plus ou moins foncées qui dépendent de la manière
dont ce marbre est scié. Il a l’aspect du bois pétrifié.
Le marbre de Boulogne est généralement assez employé
à Paris ; sa couleur triste et sombre l’empêche cependant
de servir avec avantage pour l’ameublement. Son prix est de 580
à 730 fr. le mètre. » Pour avoir une échelle
de comparaison, le Cousolre se vendait 440 à 460 fr ; le Glageon,
460 à 500 fr ; le Granit de Flandre ( le Petit-granit actellement),
525 fr ; les Noirs de Theux, Namur, Dinant… de 580 à 730
fr ; le Rouge royal, 640 fr, le Sainte-Anne de Belgique, de 640 à
700 fr ; l’Incarnat, de 700 à 875 fr ; le Griotte, de 1170
à 1800 fr ; le Portor, 1460 à 1800 fr, le Jaune de Sienne,
2340 à 3000 fr.et le Blanc statuaire, de 1800 à 3000 fr.
le mètre cube, suivant la dimension des blocs.
Remerciements
L’auteur du présent article tient à remercier
les nombreuses personnes qui ont contribuées à la rédaction
: avant toutes choses, je voudrais rappeler la mémoire d’un
ami, le Commandant Bernard Ducarme (1945-2000), répétiteur
à la Chaire de Géologie de l’Ecole Royale Militaire
de Bruxelles qui m’a fait apprécier la géologie de
son village natal de Rance et qui m’a guidé dans les anciennes
carrières des vallées des Honnelles et de l’Hogneau.
Mes remerciements vont aussi au personnel du Musée du Marbre à
Rance et en particulier à Françoise Gohy et Florence Peltier.
Merci aussi à tous ceux qui ont fouillé leurs souvenirs
et leurs archives : Mme S. Beckary, Conservatrice au Musée d’Histoire
naturelle de Lille; Mme D. Lebrun de Glageon ; Mlle S. Mouquin, historienne
de l’Art ; Mme J. Biadatti, secrétaire du Cercle d’Histoire
régionale de la Pointe de Givet.
MM. D. Coupaye, agrégé de l’Université; J.
Danloux, géologue à Trélon ; C.Decavel, Maire de
Berlaimont ; J. Henaut, Maire de Cousolre ; P. Heuclin de Cousolre et
son fils J. Heuclin, Doyen à la Faculté catholique de Lille
; B. Mistiaen, professeur au département de Géologie de
la même Faculté; R. Ramelot, historien amateur à Etroeungt
; E. Simon, éditeur de « Recherches Walhéroises »
et F. Tourneur, chargé de missions à Pierres et Marbres
de Wallonie.
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